dimanche 7 février 2010

Eroscalade 2010 texte 3 - Encordée

( ce texte a remporté le prix du jury du concours Eroscalade 2010 )


Mon Amour, ma Sauvageonne,

J’ai aimé ton regard quand tu ôtais ton baudrier.
La journée s’achevait.
Un rocher superbe.
Des voies magnifiques.
Le calme du couchant.
La falaise désertée.
Non, cette étincelle au fond de tes yeux n’était pas innocente.

Puis tu m’as tourné le dos
et tu t’es inclinée pour fermer ton sac.
J’ai souhaité que la boucle t’échappe pour faire durer ce moment.
Ce short qui te moulait si bien.
Tes courbes offertes à mes désirs.
Ta façon de te pencher.
Tes jambes nues tendues.

Tu savais ce que tu faisais.

Puis, lentement tu t’es redressée
et tu as de nouveau fait face à moi en me fixant avec insistance.
Ton léger sourire était bien une invitation.
Et soudain,
dans un soupir amusé tu m’as lancé comme un défi :
« attache-moi ! ».

Un peu étonné par cette provocation
que tes lèvres avaient chuchotée comme une supplique
mais prêt à saisir au vol cette fantaisie impromptue
j’ai saisi la corde sans te quitter des yeux
et lentement fait coulisser la gaine dans mes mains
tandis qu’avec calme et sans te départir de ce sourire
tu as laissé glisser une à une les bretelles de ta brassière.
Puis tu l’as ôtée pour offrir à mon trouble tes seins ronds et halés.
Ton short est tombé au sol libérant la dentelle
de ce string noir que j’aime tant.

Je suis passé derrière toi
et j’ai glissé les brins au-dessus de tes épaules.
Tout près de ta nuque j’ai retrouvé le parfum de ta peau
et refaisant le geste du botteleur
je t’ai liée en une gerbe de plaisir prometteur.
Je t’ai appuyée contre mon épaule
et les fibres colorées ont cerné ton ventre et tes hanches.
Continuant mon consciencieux travail j’ai tendu les torons jusque sous tes seins
puis te repoussant en avant j’ai noué mon ouvrage rapidement
et t’ai allongée sur cette roche plate
où habituellement nous nous reposons en buvant un thé chaud entre deux ascensions.

Tes yeux embrasèrent le ciel
et ce couchant restera inoubliable.
Ainsi à ma merci tu t’offrais sans retenue.
Attachée mais heureuse il n’y eu pas de lutte tout de suite.
Ta peau à demi cachée par les spirales du filin rouge
qui te contraignaient appelait mes baisers.
Longtemps je t’ai caressée de mes lèvres.

Tu soupirais en jouant la captive
et tes suppliques ne faisaient qu’attiser mon ardeur.
Ma langue s’éternisait sur ta peau douce.
Tu ondulais sous ma bouche
et tes plaintes berçaient mon désir.
A force de contorsions tu dégageas tes mains des entraves
et tes doigts s’emmêlèrent dans mes cheveux.
De prisonnière suppliante tu te fis amoureuse débridée.
Relevant le buste, tu te libéras des attaches
et la dalle fut bientôt l’autel du déchaînement de ta fougue.

En un bond tu fus debout, belle et nue.
Alors, tu jouas des ondulations de ton corps
dans cette lumière dorée
et tu m’invitas à te rejoindre.
Je pensai que j’allais te prendre et te plier à mes désirs.
Je montai sur la pierre avec impatience
et voulus te saisir pour ce corps à corps passionné
qui me semblait promis
mais ton rôle était maintenant de m’échapper.

Encore une fois c’est toi qui emmenais le jeu
et je devais interpréter tes désirs et les combler.
Tu me fis donc endurer mille ruses pour te soustraire à mes assauts.
Tu menas la lutte en guerrière insatiable
attisant mes sens et repoussant sans cesse mes attaques.
Sachant exactement quand céder
et quand relancer la joute pour m’exciter plus encore.

Mes attaques étaient à la mesure de ton audace.
Parfois tu me donnais tes lèvres
et tu t’abandonnais puis tu m’échappais à nouveau
et jamais je n’aurais cru pouvoir te désirer
avec autant de force.
Nous avons connu ce soir là un plaisir sauvage et fougueux.

Longtemps tu me supplias de t’étreindre encore
et la nuit était tombée quand je rendis les armes.
Nous avons terminé tous les deux heureux
et comblés par cet affrontement charnel.


J’ai eu besoin de coucher ces élans sur le papier
pour que les mots lient ce face à face éperdu.
Et je désire te remercier de tant de jouissance
et t’offrir en hommage à cette journée
ce photo-montage qui t’unit à ce cordage rouge
dans une noueuse et vive étreinte.

Jamais plus je ne loverai cette corde
sans que me reviennent ces images de ton corps offert et m’échappant tour à tour.

Merci pour ton amour…

Muriel Ducolomb

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