Les vannes célestes étaient ouvertes depuis un bon moment déjà. Tellement ouvertes qu’il y avait maintenant quelques millimètres d’eau sur la chaussée. Tellement ouvertes qu’on ne voyait pas à plus de cinq mètres devant soi. Qu’on circulait à une vitesse proche du zéro absolu sur une route de campagne.
Isidore Squamule était perdu et bien perdu. Il n’était certainement pas prêt d’arriver à Béziers! La dernière pancarte aperçue demandait de se rendre aux urnes pour voter Pompidou et personne d’autre. Plus rural que cette route là et c’était le sentier de labour : il n’avait pas vu un autre véhicule depuis son virage à droite trente minutes auparavant.
Tout cela pour s’épargner quelques euros en frais d’autoroute! Il aurait dû prendre la voie rapide et filer vers Béziers mais, non, il avait préféré le chemin des écoliers et sa fin de semaine à Landeyran était maintenant sérieusement compromise. Finies les joies de l’escalade sur la quartzite et les voies aux trois mètres…
Sa R5 prenait l’eau de toute part : les gouttes faisaient leur chemin par le joint du pare-brise, par ceux des portes, par celui du toit ouvrant qui n’avait plus besoin d’être ouvert pour que le conducteur profite du grand air. Et le conducteur était trempé, frigorifié : le chauffage ne fonctionnait plus depuis une dizaine d’années et la ventilation projetait de la vapeur d’eau. La seule façon de garder un contact visuel avec la route était d’essuyer la vitre avec un torchon huileux.
Un vieux panneau de signalisation apparut :
Nîmes 20kms
Prochaine à droite
Isidore tourna à droite, se retrouva sur un viaduc, tourna de nouveau à droite, rencontra une croisée de chemins, vira à droite encore une fois, fit deux cent mètres, pris un virage à gauche car il n’y avait rien à droite, manqua de justesse un portail, fit un autre virage à droite et se retrouva devant un mur de ceps de vigne. Plus de route!
Il ouvrit sa portière, laissa écouler les quelques litres d’eau accumulée sur le plancher de la R5 et aperçut une maison de pierres dont les vitres laissaient filtrer une douce lumière. A dix mètres à sa gauche.
Il se précipita vers la porte sans trop remarquer l’écriteau et entra.
Des bouteilles. Des bouteilles partout. De toutes les grosseurs. Blanc, rouge, rosé : les couleurs de l’arc en ciel du pays d’Oc. Et des tonneaux, plein de tonneaux...
-«Bonjour monsieur, bienvenue au Mas des Tourelles! » dit une petite voix posée.
-«Heu… je suis où, là? Voyez-vous, je viens de Cavaillon et je me suis perdu en chemin. On ne voit pas plus loin que le bout de son nez dehors et je roule depuis des heures.»
-«Vous êtes à la sortie ouest de Beaucaire et le Mas des Tourelles est un vignoble datant de l’époque romaine. Nous produisons différents vins exportés partout dans le monde! Vous voulez goûter?»
-«Pour une Romaine, vous êtes diablement bien conservée! Ce doit être le vin… allez, je me laisse tenter : avez-vous un rouge sans prétention?»
-«Monsieur est un charmeur… en fait, nous reproduisons un vin romain d’époque qui est supposé conserver la jeunesse si consommé avec modération, le Mulsum. Mais passons donc au Bois de Peyre… voilà …»
-«Excellent! Et quelque chose de plus intense, vous avez?»
-«Le O’Terra… regardez la couleur!»
-«Un charme, ce vin… et cette bouteille, sur l’étagère?»
-«On voit que monsieur à l’œil… la Cour des Glycines. Costière de Nîmes et tout… allez, un grand verre.»
-«Un délice… j’en prends deux caisses tout de suite! Et ce Mulsum dont vous m’avez parlé… d’ailleurs, je me demande, il y a de l’escalade par ici? Une falaise quelque part aux alentours de Beaucaire?»
-«Voilà pour le Mulsum… vous savez, moi, je n’y connais rien à l’escalade! Je sais qu’il y a le massif de l’Aiguille pas loin et l’ancienne abbaye de St Roman. C’est juste à quelques kilomètres mais aujourd’hui, il faut oublier ça. Nous offrons des chambres d’hôtes si vous désirez rester dans la région cette nuit quitte à monter, demain, voir le massif…»
-«Excellente idée! Je vais chercher mes affaires et je couche ici. Ajoutez sur ma note cette fontaine à vin Mediterra. J’ai un article de magazine que je n’arrive pas à terminer et dix litres ne seront pas de trop.»
-«Vous écrivez?»
-«Non… je dois terminer la lecture de cet article. Huit pages sur Orpierre…»
Isidore Squamule se retrouva dans une chambre proprette aux murs de pierre lui rappelant un peu la couleur de la falaise de Robion. Il posa la perceuse à essence sur l’oreiller, à ses cotés, et le sommeil vint à la lecture de l’article sur l’aménagement de Orpierre, article arrosé par quelques verres de vin du pays d’Oc. Ses rêves ne furent que bruits de perceuse, marteau frappant un goujon, vide sous les pieds, équipement de la voie qui deviendrait classique.
Samedi matin. Grand beau! Difficile de se perdre sur l’unique route montant au massif de l’Aiguille…
Il sorti tout son matériel dès l’arrivée au stationnement : corde statique, sac contenant une tonne d’acier inoxydable, marteau et perceuse Ryobi. Il ne lui restait qu’à trouver une falaise digne de ce nom! Etrangement, outre les murs du tas de ruines au sommet, il ne semblait pas y avoir d’à-pic sur cette aiguille. Peut-être que sur les flancs?
Soudain, un autobus déboucha en trombe derrière lui. Juste le temps de se jeter sur le coté que l’antique mastodonte stoppait en faisant hurler ce qui lui restait de freins. L’affiche de provenance annonçait « Bratzigovo». La porte du véhicule s’ouvrit aussitôt et une foule bigarrée s’en extirpa en se poussant plus que de raison. Une trentaine d’hommes, pas un de plus car l’autocar n’aurait pu en contenir quarante comme eux. Des amas de muscles, des cous inexistants, des bras disproportionnés, des cuisses de la taille d’un tronc de platane moyen, des yeux enfoncés sous des sourcils noirs qui n’en finissaient plus. Isidore décida que la retraite était l’essence de la survie.
Deux hommes s’avancèrent vers lui. Les responsables du groupe ou bien les exécuteurs nommés pour la journée... Isidore recula vers le hayon ouvert de la R5. Un des tueurs en vacances lui tendit la main en souriant.
-«Kak sté, Gospodin? Da … instructor kahat…! Excellentissime organisation voyage bulgare organisé haltérophiles! Instructor per la journée kahat… da… das good!»
Isidore Squamule leva les bras au ciel et fit un signe négatif de la tête.
-«Euh…oui… da… va pour grimper. Grimposki! Climbonska! Up…en haut. Va faire une route, voie, road… via, viaski on top. Percer des trous! Drill… ra-ta-ta-ta… ding ding ding… lourd sac plein pitonski spitta la roche… Pas instructeur pour groupe bulgare.»
Il y eu, chez les Bulgares, un petit conciliabule puis l’entraîneur saisit le sac de matériel d’escalade qui était encore à l’arrière de la R5. Il fit un signe à deux jeunes hommes, chacun aussi large que haut, qui se hâtèrent d’extraire les deux caisses de vin, le reste du matériel et les quelques harnais qui traînaient dans le coffre.
-« Allons faire Kahat avec toi! Tu vas montrer à groupe comment grimper falaise. Nous aider monter matériel… excellentissime organisation bulgare, comme voyage Mer Noire»
A l’évocation de la Mer Noire, plusieurs haltérophiles roulèrent de gros yeux et firent des gestes explicites démontrant que les attraits de la Mer Noire ne se limitaient pas aux plages.
Isidore secoua la tête avec véhémence.
-«Mais non, mais non… je suis ici pour équiper une voie, pas pour donner une formation en escalade en bulgare. Je ne sais rien du bulgare et d’ailleurs je ne sais même pas s’il y a des voies écoles en haut!»
L’autre tueur semblait utiliser marginalement mieux la langue de Molière.
-«Merci Gospodin! Nous allons monter gros sacs et vite, en haut. Formation, tu as dis… nous comprendre formation. Beaucoup formation haltérophilie. Entraînement dur. Puis Mer Noire.»
Il se retourna et hurla une série d’ordres au groupe. Les hommes sortirent des compartiments, sous le véhicule, des caisses et des cageots, des dames-jeannes et un poêle au propane. Tout fut chargé sur les épaules sans le moindre effort.
-«Avant instructor!»
Le groupe d’haltérophiles se lança d’un pas accéléré dans le sentier qui montait au monastère. Ils entonnèrent ce qui semblait être une chanson à marche datant de la résistance contre les Turcs... Isidore se lança sur leurs traces, talonné de près par les « guides » qui ne semblaient pas vouloir le perdre dans la nature. Surveillance rapprochée… ils auraient pu le lever de terre et le monter à force de poignets…
-«Belle journée pour kahat, instructor. Va montrer techniques souplesse sur rocher monastère. Force aussi… beaucoup force…»
Isidore fit signe que non… il ne pouvait montrer l’escalade à ces énergumènes sur un site qu’il ne connaissait même pas.
-«Bravo instructor…force dans escalade. Nous connaître. Bon entraînement équipe après journées dans autobous.»
Quelques centaines de mètres plus loin, et plus haut, et le groupe arriva en chantant près du mur du monastère. Isidore n’avait aperçu rien qui ressemblait de près ou de loin à une falaise: ce mur ancien faisait huit mètres à peine et était partiellement crénelé au sommet. Un pré gazonné lui faisait face.
Déjà les haltérophiles s’installaient, déroulant des couvertures, sortant jambons, saucisses, pains de deux kilos, agneaux entiers… agneaux entiers…tout le monde avait l’air de trouver ça tout à fait normal… les dames-jeannes s’ouvraient et chacun se remplissait un broc de vin noir.
-«Tcheveno instructor … bois vin de notre pays! Réserve spéciale de l’entraîneur! Plus fort après pour kahat! »
On plaça un litre de vin entre les mains d’Isidore et chacun le regarda avec attention. Ne pas déplaire, se dit Isidore… ne pas les contrarier… ce sont des fous… je rêve et je vais me réveiller. Il porta le broc à ses lèvres et but une gorgée.
-«Tout boire. Bon pour force! Après monter installer cordes.»
Il vida le broc en une minute et demie. Pas moyen de s’en sortir : il devait les faire grimper puis en profiter pour fuir. La tête lui tournait déjà un peu ce qui en disait long sur la qualité du vin. Réserve spéciale… il y aurait des anabolisants dedans que ça ne serait pas surprenant.
Il prit la Ryobi, une dizaine de plaquettes, trois cordes fixes et quelques sangles. Il y avait un escalier monumental juste à droite : facile donc de se rendre au sommet. Ses anges gardiens empoignèrent deux harnais et le suivirent.
-«Non, ce n’est pas nécessaire! Je vais le faire seul. » dit Isidore en branlant la tête.
-«Da… kahat instructor.»
Au sommet de la ruine, il tira sur la corde et un gros nuage noir s’éleva dans les airs : la perceuse avait sérieusement besoin d’un réglage! Deux trous ici, deux trous là et deux derniers ici. Les anges gardiens le regardaient faire : chacun de ses gestes était analysé. Il posa les plaquettes, les sangles et lança les cordes. Puis lui et ses ombres redescendirent par l’escalier.
-« Quand faut le faire » se dit Isidore Squamule en mettant son harnais. Un des anges gardiens avait sans doute un minimum de connaissances alpines car il aidait ses amis à enfiler les harnais ajustables. Puis il attacha un des haltérophiles à la première corde. Un haltérophile moyen. L’ange gardien pris un gri-gri et fit jouer la corde.
Quelques autres s’approchèrent et saisirent la corde en haut du gri-gri. Après avoir pris le mou, ils hurlèrent.
-« Edno! Dvé! Tri! »
Et ils hissèrent leur compagnon de deux mètres.
-« Edvo! Dvé! Tri! »
Un autre deux mètres.
Déjà, d’autres groupes se formaient. Le même manège se reproduisit sur les deux autres cordes. Bientôt, on n’entendit plus que les Edno, Dvé, Tri, hurlés à gorge déployée. Quelqu’un plaça un autre broc de vin noir entre les mains d’Isidore. Et un kilo de pain noir dans l’autre. Il se dit qu’il ne manquait que la Mer Noire.
-«Bois, Gospodin instructor! Pain aide mal de tête.»
Un demi-litre de vin et un quart de kilo de pain plus tard, Isidore se dit qu’il devrait peut-être aller ouvrir de nouvelles voies. Ce petit site pouvait devenir excellent pour les débutants : le rocher comportait de nombreuses prises, le tout n’était pas trop haut, il y avait ce petit pré qui allait favoriser la fréquentation familiale aussitôt qu’on l’aurait nettoyé des os de jambons et de la carcasse de l’agneau; on pouvait aisément y équiper une quinzaine de voies…bref, il serait facile de s’y plaire, sur ce site. En fait, ça ne demandait que de la vision!
Il leva son broc une autre fois et tituba vers l’escalier. Quelques haltérophiles avaient allumé le poêle au propane et faisaient rôtir de la saucisse. Et un genre de choucroute. Un de ses anges gardiens le suivit. On entendait encore les Edno, Dvé, Tri à mesure que les membres du groupe essayaient les voies avec plus ou moins d’aide. C’était la technique la plus facile : comment se fait-il que personne n’y ait pensé avant?
Isidore saisit la Ryobi et elle pétarada en envoyant dans l’atmosphère un autre nuage noir. Il devrait en parler à son oncle qui d’ailleurs serait tellement content de savoir qu’un premier site avait été créé ex nihilo grâce au matériel du magasin!
Il venait à peine de percer un premier trou qu’un drôle de petit bonhomme arriva en courant au sommet de la ruine. En gesticulant comme un fou. Un autre… ce devait être un autre autobus qui venait d’arriver. Des joueurs de ping-pong cette fois…Non… le gars portait un uniforme!
-«Je vous y prends! Destruction de la propriété nationale, bris d’un monument classé, saloperies partout, non respect d’un ancien lieu de culte, usage d’un outil perforant, consommation de boissons alcoolisées… votre compte est bon! Vous et votre groupe de barbares qui ne respectent rien allez passer les prochaines années en cellule, à l’ombre.»
Le Bulgare regarda d’un drôle d’œil le nouveau venu. Il jeta un œil en bas du mur et cria quelques ordres. Immédiatement, trois haltérophiles arrivèrent en courant portant qui un broc, qui une côte d’agneau. Ils se saisirent de la force constabulaire sans ménagement…
-«Mise sous séquestres d’un agent de la paix en fonction. Je vais verbaliser…laissez-moi, bande de zigotos!»
-«Tcheveno, Gospodin…» dit un gorille en tendant son broc à Isidore.
Au point où j’en suis… il avala une longue rasade. Puis plaça les deux plaquettes et se dirigea vers l’autre bloc, un des gros créneaux de pierre qui terminait le mur. Il perça son premier trou mais, après quelques centimètres, la mèche pénétra dans un vide.
-«Tiens, un trou dans le calcaire…»
Il déplaça la mèche de dix centimètres. Elle perça le rocher et, elle aussi, s’enfonça dans un vide.
-«Il doit y avoir un gros trou dans ce bloc. Je vais me déplacer un peu plus. Vous avez vu, vous autres, le trou?»
Le gardien se débattait comme un beau diable entre les mains des Bulgares.
-«Vous ne vous en tirerez pas facilement… je vous vois faire vos trous… témoin à votre procès, que je serai…attendez que le gestionnaire soit mis au courant.»
Isidore avait certaines difficultés à aligner la perceuse à la verticale. Il appuya sur la gâchette et la mèche entra comme dans du beurre pour, encore cette fois, heurter le vide.
L’entraîneur bulgare avala le reste de son vin et hurla d’autres ordres vers la cour.
Huit des plus gros haltérophiles arrivèrent en courant. Le gardien, conscient qu’il était maintenant en infériorité numérique, cessa de se débattre comme un diable dans l’eau bénite.
-«Discipline, instructor kahat! Voir force après voyage Mer Noire…attention à tous!»
Les haltérophiles se placèrent tous du même coté de la pierre, les mains sur le dessus du bloc. L’entraîneur mis une pierre taillée, prise sur un tas de roches, juste à coté du bloc.
-« Edno! Dvé! Tri! »
Les Bulgares bandèrent leurs muscles. Des veines saillantes firent jour d’un peu partout sur leurs avant-bras. Leurs épaules semblèrent grossir à vue d’œil. Le coin du bloc se souleva un peu, juste un peu, puis un peu plus, gagnant de l’impulsion, dévoilant une cavité.
-« Stop! »
L’entraîneur glissa la pierre sous le bloc ainsi soulevé de vingt centimètres. Tous les Bulgares glissèrent leurs mains sous ce qui semblait être le coin interne du créneau de pierre.
-« Edno!Dvé!Tri! »
Le bloc fut soulevé avec une aisance difficile à croire puis pivoté dans le vide. Il tomba avec fracas dans le petit pré au pied du mur.
-« Les reliques de St-Roman! » s’exclama le gardien.
Le bloc avait laissé la place à un squelette partiel entouré de quelques bijoux et dorures. Le bloc n’était en fait qu’un sarcophage médiéval renversé! Une façon comme une autre de préserver le saint des vendeurs du temple.
Saisis de stupeur, les Bulgares avalèrent ce qui leur restait de vin et le gardien en profita pour prendre la poudre d’escampette. Isidore Squamule jeta un coup d’œil sur la dépouille et descendit se chercher un autre verre. Plein.
Un autre ordre de l’entraîneur retentit. Tout le monde comprit qu’il était temps d’aller visiter une autre merveille architecturale française… ils remballèrent en un clin d’œil et, laissant les carcasses des jambons et des agneaux sur le terrain, redescendirent vers l’autobus. Ils eurent la grâce de porter Isidore, à qui le vin noir avait coupé les jambes, et tout son équipement, retiré à une vitesse digne des meilleurs ouvrages de la littérature alpine.
Bien assis dans la R5, Isidore regarda les haltérophiles s’engouffrer dans le vieil autocar.
-«Dovijdané instructor!»
L’autocar démarra en trombe.
Isidore se dit que la meilleure chose à faire était de rejoindre sa chambre de la veille. Il tourna la clé et roula tout doucement vers la sortie du stationnement. Et il n’avait pas fait cinq cent mètres qu’il croisait la gendarmerie qui montait en cinquième vitesse vers l’Abbaye.
Vingt minutes plus tard, il entrait au Mas des Tourelles.
-«Je voudrais ma chambre d’hier soir. C’est possible?»
-«Bien sûr, monsieur! Dites… avez-vous entendu? On aurait découvert les ossements de St-Roman! Des vandales à l’Abbaye … Après toutes ces années : le corps avait disparu à la Révolution!»
-«Très bien. Excellent. Génial. Vous me mettrez aussi un dix litres de Mediterra : j’en ai bien besoin…»
-«Un autre article à finir?»
-«Non, un article à oublier… disons que je suis tombé sur un os…bonne nuit!»
Isidore Squamule était perdu et bien perdu. Il n’était certainement pas prêt d’arriver à Béziers! La dernière pancarte aperçue demandait de se rendre aux urnes pour voter Pompidou et personne d’autre. Plus rural que cette route là et c’était le sentier de labour : il n’avait pas vu un autre véhicule depuis son virage à droite trente minutes auparavant.
Tout cela pour s’épargner quelques euros en frais d’autoroute! Il aurait dû prendre la voie rapide et filer vers Béziers mais, non, il avait préféré le chemin des écoliers et sa fin de semaine à Landeyran était maintenant sérieusement compromise. Finies les joies de l’escalade sur la quartzite et les voies aux trois mètres…
Sa R5 prenait l’eau de toute part : les gouttes faisaient leur chemin par le joint du pare-brise, par ceux des portes, par celui du toit ouvrant qui n’avait plus besoin d’être ouvert pour que le conducteur profite du grand air. Et le conducteur était trempé, frigorifié : le chauffage ne fonctionnait plus depuis une dizaine d’années et la ventilation projetait de la vapeur d’eau. La seule façon de garder un contact visuel avec la route était d’essuyer la vitre avec un torchon huileux.
Un vieux panneau de signalisation apparut :
Nîmes 20kms
Prochaine à droite
Isidore tourna à droite, se retrouva sur un viaduc, tourna de nouveau à droite, rencontra une croisée de chemins, vira à droite encore une fois, fit deux cent mètres, pris un virage à gauche car il n’y avait rien à droite, manqua de justesse un portail, fit un autre virage à droite et se retrouva devant un mur de ceps de vigne. Plus de route!
Il ouvrit sa portière, laissa écouler les quelques litres d’eau accumulée sur le plancher de la R5 et aperçut une maison de pierres dont les vitres laissaient filtrer une douce lumière. A dix mètres à sa gauche.
Il se précipita vers la porte sans trop remarquer l’écriteau et entra.
Des bouteilles. Des bouteilles partout. De toutes les grosseurs. Blanc, rouge, rosé : les couleurs de l’arc en ciel du pays d’Oc. Et des tonneaux, plein de tonneaux...
-«Bonjour monsieur, bienvenue au Mas des Tourelles! » dit une petite voix posée.
-«Heu… je suis où, là? Voyez-vous, je viens de Cavaillon et je me suis perdu en chemin. On ne voit pas plus loin que le bout de son nez dehors et je roule depuis des heures.»
-«Vous êtes à la sortie ouest de Beaucaire et le Mas des Tourelles est un vignoble datant de l’époque romaine. Nous produisons différents vins exportés partout dans le monde! Vous voulez goûter?»
-«Pour une Romaine, vous êtes diablement bien conservée! Ce doit être le vin… allez, je me laisse tenter : avez-vous un rouge sans prétention?»
-«Monsieur est un charmeur… en fait, nous reproduisons un vin romain d’époque qui est supposé conserver la jeunesse si consommé avec modération, le Mulsum. Mais passons donc au Bois de Peyre… voilà …»
-«Excellent! Et quelque chose de plus intense, vous avez?»
-«Le O’Terra… regardez la couleur!»
-«Un charme, ce vin… et cette bouteille, sur l’étagère?»
-«On voit que monsieur à l’œil… la Cour des Glycines. Costière de Nîmes et tout… allez, un grand verre.»
-«Un délice… j’en prends deux caisses tout de suite! Et ce Mulsum dont vous m’avez parlé… d’ailleurs, je me demande, il y a de l’escalade par ici? Une falaise quelque part aux alentours de Beaucaire?»
-«Voilà pour le Mulsum… vous savez, moi, je n’y connais rien à l’escalade! Je sais qu’il y a le massif de l’Aiguille pas loin et l’ancienne abbaye de St Roman. C’est juste à quelques kilomètres mais aujourd’hui, il faut oublier ça. Nous offrons des chambres d’hôtes si vous désirez rester dans la région cette nuit quitte à monter, demain, voir le massif…»
-«Excellente idée! Je vais chercher mes affaires et je couche ici. Ajoutez sur ma note cette fontaine à vin Mediterra. J’ai un article de magazine que je n’arrive pas à terminer et dix litres ne seront pas de trop.»
-«Vous écrivez?»
-«Non… je dois terminer la lecture de cet article. Huit pages sur Orpierre…»
Isidore Squamule se retrouva dans une chambre proprette aux murs de pierre lui rappelant un peu la couleur de la falaise de Robion. Il posa la perceuse à essence sur l’oreiller, à ses cotés, et le sommeil vint à la lecture de l’article sur l’aménagement de Orpierre, article arrosé par quelques verres de vin du pays d’Oc. Ses rêves ne furent que bruits de perceuse, marteau frappant un goujon, vide sous les pieds, équipement de la voie qui deviendrait classique.
Samedi matin. Grand beau! Difficile de se perdre sur l’unique route montant au massif de l’Aiguille…
Il sorti tout son matériel dès l’arrivée au stationnement : corde statique, sac contenant une tonne d’acier inoxydable, marteau et perceuse Ryobi. Il ne lui restait qu’à trouver une falaise digne de ce nom! Etrangement, outre les murs du tas de ruines au sommet, il ne semblait pas y avoir d’à-pic sur cette aiguille. Peut-être que sur les flancs?
Soudain, un autobus déboucha en trombe derrière lui. Juste le temps de se jeter sur le coté que l’antique mastodonte stoppait en faisant hurler ce qui lui restait de freins. L’affiche de provenance annonçait « Bratzigovo». La porte du véhicule s’ouvrit aussitôt et une foule bigarrée s’en extirpa en se poussant plus que de raison. Une trentaine d’hommes, pas un de plus car l’autocar n’aurait pu en contenir quarante comme eux. Des amas de muscles, des cous inexistants, des bras disproportionnés, des cuisses de la taille d’un tronc de platane moyen, des yeux enfoncés sous des sourcils noirs qui n’en finissaient plus. Isidore décida que la retraite était l’essence de la survie.
Deux hommes s’avancèrent vers lui. Les responsables du groupe ou bien les exécuteurs nommés pour la journée... Isidore recula vers le hayon ouvert de la R5. Un des tueurs en vacances lui tendit la main en souriant.
-«Kak sté, Gospodin? Da … instructor kahat…! Excellentissime organisation voyage bulgare organisé haltérophiles! Instructor per la journée kahat… da… das good!»
Isidore Squamule leva les bras au ciel et fit un signe négatif de la tête.
-«Euh…oui… da… va pour grimper. Grimposki! Climbonska! Up…en haut. Va faire une route, voie, road… via, viaski on top. Percer des trous! Drill… ra-ta-ta-ta… ding ding ding… lourd sac plein pitonski spitta la roche… Pas instructeur pour groupe bulgare.»
Il y eu, chez les Bulgares, un petit conciliabule puis l’entraîneur saisit le sac de matériel d’escalade qui était encore à l’arrière de la R5. Il fit un signe à deux jeunes hommes, chacun aussi large que haut, qui se hâtèrent d’extraire les deux caisses de vin, le reste du matériel et les quelques harnais qui traînaient dans le coffre.
-« Allons faire Kahat avec toi! Tu vas montrer à groupe comment grimper falaise. Nous aider monter matériel… excellentissime organisation bulgare, comme voyage Mer Noire»
A l’évocation de la Mer Noire, plusieurs haltérophiles roulèrent de gros yeux et firent des gestes explicites démontrant que les attraits de la Mer Noire ne se limitaient pas aux plages.
Isidore secoua la tête avec véhémence.
-«Mais non, mais non… je suis ici pour équiper une voie, pas pour donner une formation en escalade en bulgare. Je ne sais rien du bulgare et d’ailleurs je ne sais même pas s’il y a des voies écoles en haut!»
L’autre tueur semblait utiliser marginalement mieux la langue de Molière.
-«Merci Gospodin! Nous allons monter gros sacs et vite, en haut. Formation, tu as dis… nous comprendre formation. Beaucoup formation haltérophilie. Entraînement dur. Puis Mer Noire.»
Il se retourna et hurla une série d’ordres au groupe. Les hommes sortirent des compartiments, sous le véhicule, des caisses et des cageots, des dames-jeannes et un poêle au propane. Tout fut chargé sur les épaules sans le moindre effort.
-«Avant instructor!»
Le groupe d’haltérophiles se lança d’un pas accéléré dans le sentier qui montait au monastère. Ils entonnèrent ce qui semblait être une chanson à marche datant de la résistance contre les Turcs... Isidore se lança sur leurs traces, talonné de près par les « guides » qui ne semblaient pas vouloir le perdre dans la nature. Surveillance rapprochée… ils auraient pu le lever de terre et le monter à force de poignets…
-«Belle journée pour kahat, instructor. Va montrer techniques souplesse sur rocher monastère. Force aussi… beaucoup force…»
Isidore fit signe que non… il ne pouvait montrer l’escalade à ces énergumènes sur un site qu’il ne connaissait même pas.
-«Bravo instructor…force dans escalade. Nous connaître. Bon entraînement équipe après journées dans autobous.»
Quelques centaines de mètres plus loin, et plus haut, et le groupe arriva en chantant près du mur du monastère. Isidore n’avait aperçu rien qui ressemblait de près ou de loin à une falaise: ce mur ancien faisait huit mètres à peine et était partiellement crénelé au sommet. Un pré gazonné lui faisait face.
Déjà les haltérophiles s’installaient, déroulant des couvertures, sortant jambons, saucisses, pains de deux kilos, agneaux entiers… agneaux entiers…tout le monde avait l’air de trouver ça tout à fait normal… les dames-jeannes s’ouvraient et chacun se remplissait un broc de vin noir.
-«Tcheveno instructor … bois vin de notre pays! Réserve spéciale de l’entraîneur! Plus fort après pour kahat! »
On plaça un litre de vin entre les mains d’Isidore et chacun le regarda avec attention. Ne pas déplaire, se dit Isidore… ne pas les contrarier… ce sont des fous… je rêve et je vais me réveiller. Il porta le broc à ses lèvres et but une gorgée.
-«Tout boire. Bon pour force! Après monter installer cordes.»
Il vida le broc en une minute et demie. Pas moyen de s’en sortir : il devait les faire grimper puis en profiter pour fuir. La tête lui tournait déjà un peu ce qui en disait long sur la qualité du vin. Réserve spéciale… il y aurait des anabolisants dedans que ça ne serait pas surprenant.
Il prit la Ryobi, une dizaine de plaquettes, trois cordes fixes et quelques sangles. Il y avait un escalier monumental juste à droite : facile donc de se rendre au sommet. Ses anges gardiens empoignèrent deux harnais et le suivirent.
-«Non, ce n’est pas nécessaire! Je vais le faire seul. » dit Isidore en branlant la tête.
-«Da… kahat instructor.»
Au sommet de la ruine, il tira sur la corde et un gros nuage noir s’éleva dans les airs : la perceuse avait sérieusement besoin d’un réglage! Deux trous ici, deux trous là et deux derniers ici. Les anges gardiens le regardaient faire : chacun de ses gestes était analysé. Il posa les plaquettes, les sangles et lança les cordes. Puis lui et ses ombres redescendirent par l’escalier.
-« Quand faut le faire » se dit Isidore Squamule en mettant son harnais. Un des anges gardiens avait sans doute un minimum de connaissances alpines car il aidait ses amis à enfiler les harnais ajustables. Puis il attacha un des haltérophiles à la première corde. Un haltérophile moyen. L’ange gardien pris un gri-gri et fit jouer la corde.
Quelques autres s’approchèrent et saisirent la corde en haut du gri-gri. Après avoir pris le mou, ils hurlèrent.
-« Edno! Dvé! Tri! »
Et ils hissèrent leur compagnon de deux mètres.
-« Edvo! Dvé! Tri! »
Un autre deux mètres.
Déjà, d’autres groupes se formaient. Le même manège se reproduisit sur les deux autres cordes. Bientôt, on n’entendit plus que les Edno, Dvé, Tri, hurlés à gorge déployée. Quelqu’un plaça un autre broc de vin noir entre les mains d’Isidore. Et un kilo de pain noir dans l’autre. Il se dit qu’il ne manquait que la Mer Noire.
-«Bois, Gospodin instructor! Pain aide mal de tête.»
Un demi-litre de vin et un quart de kilo de pain plus tard, Isidore se dit qu’il devrait peut-être aller ouvrir de nouvelles voies. Ce petit site pouvait devenir excellent pour les débutants : le rocher comportait de nombreuses prises, le tout n’était pas trop haut, il y avait ce petit pré qui allait favoriser la fréquentation familiale aussitôt qu’on l’aurait nettoyé des os de jambons et de la carcasse de l’agneau; on pouvait aisément y équiper une quinzaine de voies…bref, il serait facile de s’y plaire, sur ce site. En fait, ça ne demandait que de la vision!
Il leva son broc une autre fois et tituba vers l’escalier. Quelques haltérophiles avaient allumé le poêle au propane et faisaient rôtir de la saucisse. Et un genre de choucroute. Un de ses anges gardiens le suivit. On entendait encore les Edno, Dvé, Tri à mesure que les membres du groupe essayaient les voies avec plus ou moins d’aide. C’était la technique la plus facile : comment se fait-il que personne n’y ait pensé avant?
Isidore saisit la Ryobi et elle pétarada en envoyant dans l’atmosphère un autre nuage noir. Il devrait en parler à son oncle qui d’ailleurs serait tellement content de savoir qu’un premier site avait été créé ex nihilo grâce au matériel du magasin!
Il venait à peine de percer un premier trou qu’un drôle de petit bonhomme arriva en courant au sommet de la ruine. En gesticulant comme un fou. Un autre… ce devait être un autre autobus qui venait d’arriver. Des joueurs de ping-pong cette fois…Non… le gars portait un uniforme!
-«Je vous y prends! Destruction de la propriété nationale, bris d’un monument classé, saloperies partout, non respect d’un ancien lieu de culte, usage d’un outil perforant, consommation de boissons alcoolisées… votre compte est bon! Vous et votre groupe de barbares qui ne respectent rien allez passer les prochaines années en cellule, à l’ombre.»
Le Bulgare regarda d’un drôle d’œil le nouveau venu. Il jeta un œil en bas du mur et cria quelques ordres. Immédiatement, trois haltérophiles arrivèrent en courant portant qui un broc, qui une côte d’agneau. Ils se saisirent de la force constabulaire sans ménagement…
-«Mise sous séquestres d’un agent de la paix en fonction. Je vais verbaliser…laissez-moi, bande de zigotos!»
-«Tcheveno, Gospodin…» dit un gorille en tendant son broc à Isidore.
Au point où j’en suis… il avala une longue rasade. Puis plaça les deux plaquettes et se dirigea vers l’autre bloc, un des gros créneaux de pierre qui terminait le mur. Il perça son premier trou mais, après quelques centimètres, la mèche pénétra dans un vide.
-«Tiens, un trou dans le calcaire…»
Il déplaça la mèche de dix centimètres. Elle perça le rocher et, elle aussi, s’enfonça dans un vide.
-«Il doit y avoir un gros trou dans ce bloc. Je vais me déplacer un peu plus. Vous avez vu, vous autres, le trou?»
Le gardien se débattait comme un beau diable entre les mains des Bulgares.
-«Vous ne vous en tirerez pas facilement… je vous vois faire vos trous… témoin à votre procès, que je serai…attendez que le gestionnaire soit mis au courant.»
Isidore avait certaines difficultés à aligner la perceuse à la verticale. Il appuya sur la gâchette et la mèche entra comme dans du beurre pour, encore cette fois, heurter le vide.
L’entraîneur bulgare avala le reste de son vin et hurla d’autres ordres vers la cour.
Huit des plus gros haltérophiles arrivèrent en courant. Le gardien, conscient qu’il était maintenant en infériorité numérique, cessa de se débattre comme un diable dans l’eau bénite.
-«Discipline, instructor kahat! Voir force après voyage Mer Noire…attention à tous!»
Les haltérophiles se placèrent tous du même coté de la pierre, les mains sur le dessus du bloc. L’entraîneur mis une pierre taillée, prise sur un tas de roches, juste à coté du bloc.
-« Edno! Dvé! Tri! »
Les Bulgares bandèrent leurs muscles. Des veines saillantes firent jour d’un peu partout sur leurs avant-bras. Leurs épaules semblèrent grossir à vue d’œil. Le coin du bloc se souleva un peu, juste un peu, puis un peu plus, gagnant de l’impulsion, dévoilant une cavité.
-« Stop! »
L’entraîneur glissa la pierre sous le bloc ainsi soulevé de vingt centimètres. Tous les Bulgares glissèrent leurs mains sous ce qui semblait être le coin interne du créneau de pierre.
-« Edno!Dvé!Tri! »
Le bloc fut soulevé avec une aisance difficile à croire puis pivoté dans le vide. Il tomba avec fracas dans le petit pré au pied du mur.
-« Les reliques de St-Roman! » s’exclama le gardien.
Le bloc avait laissé la place à un squelette partiel entouré de quelques bijoux et dorures. Le bloc n’était en fait qu’un sarcophage médiéval renversé! Une façon comme une autre de préserver le saint des vendeurs du temple.
Saisis de stupeur, les Bulgares avalèrent ce qui leur restait de vin et le gardien en profita pour prendre la poudre d’escampette. Isidore Squamule jeta un coup d’œil sur la dépouille et descendit se chercher un autre verre. Plein.
Un autre ordre de l’entraîneur retentit. Tout le monde comprit qu’il était temps d’aller visiter une autre merveille architecturale française… ils remballèrent en un clin d’œil et, laissant les carcasses des jambons et des agneaux sur le terrain, redescendirent vers l’autobus. Ils eurent la grâce de porter Isidore, à qui le vin noir avait coupé les jambes, et tout son équipement, retiré à une vitesse digne des meilleurs ouvrages de la littérature alpine.
Bien assis dans la R5, Isidore regarda les haltérophiles s’engouffrer dans le vieil autocar.
-«Dovijdané instructor!»
L’autocar démarra en trombe.
Isidore se dit que la meilleure chose à faire était de rejoindre sa chambre de la veille. Il tourna la clé et roula tout doucement vers la sortie du stationnement. Et il n’avait pas fait cinq cent mètres qu’il croisait la gendarmerie qui montait en cinquième vitesse vers l’Abbaye.
Vingt minutes plus tard, il entrait au Mas des Tourelles.
-«Je voudrais ma chambre d’hier soir. C’est possible?»
-«Bien sûr, monsieur! Dites… avez-vous entendu? On aurait découvert les ossements de St-Roman! Des vandales à l’Abbaye … Après toutes ces années : le corps avait disparu à la Révolution!»
-«Très bien. Excellent. Génial. Vous me mettrez aussi un dix litres de Mediterra : j’en ai bien besoin…»
-«Un autre article à finir?»
-«Non, un article à oublier… disons que je suis tombé sur un os…bonne nuit!»
Texte de Jean-Piere Banville
Illustration de Ben Bert
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